Journal Intime (11) : Bagarre, bagarre !

Les semaines passèrent. Je faisais toujours la tête à Ibou. Ce qui ne lui plaisait vraiment pas et il était décidé à se racheter. Me sachant très proche des filles, il a donc décidé de s’en ouvrir à Phily.
-IBOU : je sais que je me suis comporté comme un véritable idiot, mais Phily je ne veux pas perdre Fatima. Je ne supporte pas qu’elle me fasse la tête. Je pensais que ce serait juste une affaire de quelques jours, mais là c’est trop. Elle ne répond même plus à mes appels et fait tout pour qu’on ne se croise pas à l’école. Quand on se voit c’est à peine si elle me salue. -PHILY : je vais te dire une chose, au-delà de ses aires de gentille et timide c’est une vraie rancunière. C’est un défaut et elle se sait. Mais toi aussi tu y es pour quelque chose. Puisque tu sollicites mon aide, ce sera avec plaisir que je t’aiderai. J’aime bien vous voir ensemble. » Fit Phily en lui faisant un clin d’œil. -IBOU : tout ce que je veux c’est pouvoir la coincer quelque part quelques minutes pour qu’on s’explique. Elle refuse toutes mes invitations. Et je ne peux pas défoncer la porte de votre chambre quand même. lol -PHILLY : j’ai une idée. Reste à l’écoute. Le vendredi Marie s’apprêtait à aller en weekend le lendemain. -PHILY: moi je reste ici, Fatima tu me tiendras compagnie. Pas de Tati ce weekend s’il te plaît. Si tu veux je t’accompagne la voir le dimanche après-midi. -MOI: ok, de toute façon je ne comptais pas passer le weekend là-bas. On reste alors. Le samedi s’est bien passée. Je suis restée avec Phily à papoter, regarder des films… jusqu’au soir. Phily était scotchée à son call, elle ne cessait d’envoyer et de recevoir des textos. De temps à autres elle sortait pour répondre. Mais qu’est-ce qu’elle manigance celle-là ? -MOI: « yow » tu es vraiment sollicitée ce samedi « deh » !! Hum, c’est qui ? -PHILLY : tu sauras bientôt, très bientôt même. A peine quelques minutes plus tard, devinez qui fait son entrée ? Bah oui, Ibou ! La traîtresse, c’était donc ça ! Elle m’a tendu un piège. Elle s’avait que je n’accepterais jamais de parler à cet idiot. Ils m’ont bien eu. -IBOU : bonsoir les filles. J’étais couchée sur le lit, après avoir répondu avec un bref « bonsoir » je me suis recouverte de mon drap. Hors de question que je lui parle. Mais c’est sans compter sur la traîtresse. -PHILLY : bon, moi je vous laisse, je crois que vous avez pleins de choses à vous dire. J’ai fait ma part du boulot, « mon serpent est descendu ». Ciao ciao. Je me retrouvais donc seule avec lui, dans la chambre. J’étais toujours recouverte du drap et lui tournais le dos. -IBOU: tu comptes rester ainsi jusqu’au petit matin ? Tu sais même en guerre il y a ce qu’on appelle une trêve. Je ne disais toujours rien. Il s’est alors levé et est venu s’asseoir sur mon lit. -IBOU : Fatima, Fatima, Fatimita, Timita… ok, à ce que je vois, il va falloir que j’emploie les grands moyens. « Rek » il commença à me chatouiller. J’ai beau essayé de me retenir, je ne pouvais plus. Je pouffais de rire sans le faire exprès. -MOI : Ibou arrêtes, arrêtes « wayow » ce n’est pas drôle ! -IBOU : je n’arrêterais que lorsque tu te décideras à te lever pour qu’on parle. Il continuait, je me suis alors exécutée. Fallait voir mon « niangal » -IBOU : tu es vraiment toujours fâchée contre moi ? En prononçant cette phrase il était tellement chou…. Trop même. Mais il ne fallait pas que je flanche, non, non et non. -MOI: je ne devrai pas ??? Après tout ce que tu as fait ? Tu t’attendais à quoi ? Qu’après je vienne te sauter au coup et te faire des bisous ? pff -IBOU : ok, d’abord je tiens à m’excuser pour mon comportement. Je voulais juste te protéger. Ce genre de mecs je les connais. Ce sont des coureurs de jupons. Ils aiment bien se vanter de leur tableau de chasse. Toi tu n’es pas comme les autres filles, tu es spéciale. Et j’ai le devoir, je dis bien le devoir de veiller sur toi. Je ne me le pardonnerai jamais s’il devait t’arriver quelque chose. -MOI: je ne suis pas une gamine Ibou, loin de là. Ousmane ne m’a jamais manqué de respect. Et rassure toi, il ne s’est rien passé entre nous. Tu dis avoir le devoir de me protéger, d’accord, alors il faut que tu saches t’y prendre. Je n’aime pas qu’on me manque de respect, et c’est ce que tu as fait en m’envoyant ce message. -IBOU : ok, quand tu dis qu’il ne s’est rien passé entre vous c’est-à-dire… Hahaha, l’amour rend ridicule quoi ! Regardez-moi celui-là. -MOI : tu m’as bien entendu. -IBOU : ok ! On fait la paix maintenant ? -MOI:… -IBOU : allez, je n’aime pas cette situation. -MOI: que cela ne se reproduise plus. -IBOU : juré. Il était ravi « ndeysan ». Moi aussi. Il a sorti de sa poche le fameux pendentif. -IBOU : que ça soit la dernière fois que tu l’enlèves. Promis ? -MOI : promis. Au moment de le mettre à mon coup, nos deux visages étaient assez proches, trop même à mon goût. Je pouvais entendre sa respiration. Ehém Ehém !! zaime zaime zaime !!! Délicatement, il a déposé un bisou sur ma joue. Oui oui, un simple bisou ! Rien de plus. C’est à ce moment que cette folle de Phily fit son entrée. -PHILY : oups !! J’ai gâché quelque chose on dirait. -IBOU : mais non, au contraire, tu mérites la médaille de meilleure « réconcilieuse ». Merci partenaire pour le coup de main. -PHILLY en levant les mains au ciel : « wé », c’est moi c’est moi c’est moi. C’est moi Phily la « reconcilieuse ». Merci, merci, merci. Mais je suis heureuse de savoir que tout est rentré dans l’ordre. Cette histoire commençait à durer « nak !! akh ! » Ibou nous a amenées faire un tour. Nous avons mangé des glaces. Vers 22 heures, retour à Claudel. Nous avons passé une bonne soirée , vraiment. Les choses étaient donc rentrées dans l’ordre avec Ibou, mais toujours pas de déclaration. Parfois c’est à se demander s’il est réellement amoureux. De mon côté j’essayais d’effacer ce sentiment pour ne pas souffrir. A l’école on était tout le temps ensemble. Il jouait à merveille le rôle de parrain pour nous. Un jour à l’école, c’était l’heure de la pause. Les filles et moi sommes restées en classe histoire de papoter. Soudain on entend des cris qui proviennent de la cour de l’école. Bagarre bagarre bagarre !!!! Comme vous pouvez l’imaginer nous ne sommes pas faites invitées. On a tous couru pour voir ce qui se passe. Et là devinez le tableau : Deux filles qui se battent ! haha, on dirait Gris bordeaux, Eumeu Sène, le combat du siècle. C’était Safy et Anna. La première est en 3ème année, l’autre en deuxième. On ne comprenait pas ce qui se passait. -SAFY: je vais t’apprendre moi à voler les mecs des autres. « Bam, touy touy touy » sur la face d’Anna ! C’est mon mec, pas touche, les coups pleuvaient « kay » ! -ANNA : salope, tu n’es qu’une salope ! Hiii, pauvre d’Anna elle en a vraiment eu pour son grade. Safy est Gabonaise ! (clin d’œil à Gabao) Une vraie furie je vous dis. Assez balaise. La forme africaine quoi. Un joli popotin comme une nana « benz » et des lolos on dirait Nastou !! haha, bon j’exagère un peu mais elle était carrément plus forte que la pauvre Anna qui se débattait. Personne n’a pensé à les séparer. Ça c’est le sénégalais quoi !! Regarder, c’est notre fort. Les mecs prenaient des photos et filmaient la scène. Les filles rigolaient. Moi ça ne me faisaient pas rire. Des filles qui se battent pour un mec ? Et dire que ce sont elles qui, après veulent occuper de hautes fonctions !! Ah l’Afrique, pauvre Afrique. Au cours de leur dispute il y a un nom qui revenait souvent. Ibou -SAFY: Ibou, c’est mon Ibou pas celui d’une autre. Hein ???? Attendez…. Non, non…. Non ça ne doit pas être lui. C’est sûrement un autre Ibou. Me disais-je. Phily et Marie ont compris la même chose et me regardèrent. Mais j’ai été très vite fixée par ce qu’au même moment monsieur fait son apparition avec un de ses camarades de promo pour séparer les deux lutteuses. Mdr -IBOU: non mais qu’est ce qui se passe ici ? Ça suffit vous deux. L’autre se marrait plus qu’il ne tentait de les séparer. Anna avait les habits complètement déchirés et une blessure sur la joue. Elle saignait et pleurait « Ndeysan ». -SAFY se défendant : laissez-moi en finir avec celle-là, laissez-moi !! Il faut qu’elle retienne la leçon. Tu t’approches d’Ibou encore une fois et je t’explose la cervelle !! -ANNA : tu n’es qu’une salope, une folle, ta place est à l’asile pauvre bouffonne. Ibou avait les yeux grands ouverts. Il était en colère, « chiiii », vrai de vrai « nak », son visage était hyper renfermé. -PHILLY se tournant vers moi : bah, ma grande t’attends quoi pour te mêler à la danse ? Il s’agit de ton homme-là ! mdr !! « Wallay » si jamais cette Safy apprend que tu fais partie de ses fans, je ne donne pas chère de ta peau. Hiii, celle-là elle est malade ou quoi. Et si cette Safy l’entendait. Moi, je ne suis pas une bagarreuse. Bien au contraire, une vraie peureuse. Je ne me suis battue qu’une seule fois dans ma vie et c’était à l’école primaire. Et puis, un mec ne vaut pas la peine de se donner en spectacle quoi. Se ridiculiser pour un mec, à moins que ce ne soit Shemar More. Ah, là j’affronterai même Dracula pour ce mec, mais pour lui seul. Lol ! Bref après les vigiles sont arrivés pour les séparer. Ibou me fixait du regard. Pff, quoi ? Pourquoi c’est moi qu’il regarde, ce n’est pas moi qui me bat. Qu’il aille régler ces deux filles en chaleur d’abord. J’ai détourné mon regard. Il est monté sur son scooter et s’en est allé. Le spectacle était fini, les deux filles ont été amenées dans le bureau du directeur des études. Donc on peut lever le camp. Arrivées à Claudel les filles ne cessaient de me chambrer. -PHILLY: chiii Fatima tu as du souci à te faire. Cette Safy là ce n’est pas une mince affaire « deh » !! Vaut mieux que tu commences à prendre des cours de combat. « Wallay » si jamais elle t’attrape tu es morte et enterrée. Hahaaa -MARIE: C’est vrai ce qu’on dit des africaines. T’as vu la force avec laquelle elle a soulevé la pauvre Anna ? « ndeysan » j’avais pitié d’elle « nak », elle l’a vraiment corrigé, comme une maman avec sa gamine. Elles riaient, moi non. Il n’y a rien de drôle. Comment des filles peuvent se battre pour un mec ? pff !! Il n’y a rien de plus ridicule que ça, je ne l’ai jamais supporté. « Wayé » rien que de revoir dans ma tête Safy, j’avais des frissons. Phily a raison « deh, walay » si jamais elle apprend que j’en pince pour son mec je suis foutue. Ah donc, Ibou a une petite amie et il me l’a caché. Attends que je l’ai en face de moi celui-là. Le soir, comme je m’y attendais il m’a envoyé un texto pour m’inviter à une petite balade. Je l’ai dit aux filles. -PHILLY : hum, assure-toi que Safy ne sera pas dans les parages « rek ». Mdr -MOI: Phily tu commences sérieusement à me les mettre avec ta Safy ! Il n’y a rien entre Ibou et moi, je ne vois pas pourquoi je devrai avoir affaire avec elle. Et puis elle ne me fait pas peur. (walay je mens) -PHILLY : loooooool ! Je sais, c’est juste pour blaguer. Et puis nous sommes là nous. « Rak ba naw » si elle t’approche. C’est confirmé, elle est folle. J’ai vite enfilé un jean et un t-shirt et suis allée retrouver Ibou à la porte de Claudel. En fait c’était surtout pour satisfaire ma curiosité. Savoir ce qui s’est passé entre ces filles. Mais je lui en voulais. J’étais en colère. Peut-être est-ce de la jalousie. Nous sommes allées dans notre endroit préféré, vers la mosquée de la divinité. -IBOU : j’imagine que tu dois vouloir des explications sur ce qui s’est passé ce matin à l’école. -MOI: Des explications ? Ne te sens pas obligé. Je ne suis ni ta maman ni ta petite amie pour ça. -IBOU : je vais quand même le faire parce que tu n’es rien de tout ça certes, mais tu es spéciale pour moi. Safy est en troisième année. C’est elle qui m’a eu comme marraine l’année dernière. Au début je pensais que c’était normal qu’elle veuille être aussi proche de moi. C’est après qu’elle m’a avoué ses sentiments. Je lui ai dit que je n’étais pas intéressé. Ce qu’elle n’a pas voulu entendre. Elle continuait à me courir après. Je suis dans la même classe qu’Anna. Celle-là aussi dit à qui veut l’entendre qu’on sort ensemble. Ce qui est faux. Je n’ai pas de copine dans cette école. Il paraît qu’elles ont eu une première dispute l’année dernière lors d’une fête organisée par l’école. Je n’y étais pas. -MOI: hum, « niak fayda rek », aucune classe ni retenue. Je me demande ce qui en vaut la peine. -IBOU en souriant : ah, moi je n’en vaut pas la peine ? -MOI: toi ?? -IBOU : tu ne te battrais pas toi pour un mec que tu aimes. -MOI: jamais au plus grand jamais. Hors de question que je me rabaisse à ce point. -IBOU : moi je le ferai pour celle que j’aime. -MOI : t’es amoureux toi ? -IBOU : oui -MOI: ah oui ! C’est qui ? -IBOU : une fille tout simplement extraordinaire. Moi qui croyais que le coup de foudre n’existait pas. -MOI tout en bégayant : je la connais ? -IBOU me fixant droit dans les yeux : je crois bien que oui. Mais je te le dirai le moment venu. Humm !! Je n’aime pas ça hein !! Je n’aime pas du tout. Garçon là va m’amener des problèmes avec la go là, Safy ou je ne sais quoi. « Walay » vous ne l’avez pas vu. Mdr !! Humm !! Je n’aime pas ça hein !! Je n’aime pas du tout. Garçon là va m’amener des problèmes avec la go là, Safy ou je ne sais quoi. « Walay » vous ne l’avez pas vu. Mdr !! Depuis quelques jours Ibou avait aménagé dans un nouvel appartement à Sacré Cœur avec un cousin. On ne le connaît pas. Après ses études aux États Unis il est revenu s’installer au Sénégal. Il a eu un boulot dans une banque de la place mais ne voulait pas vivre tout seul. Il a donc décidé d’aménager avec Ibou. Un dimanche il nous a proposé de passer la journée avec eux à l’appart. Binette a décliné l’invitation. Elle « avait à faire.» Nous y sommes donc allées Phily Marie et moi. C’est un quartier cool, calme, tranquille. Vers les deux voies du côté de la boulangerie jaune. Vers 12 heures donc, nous y étions. Quand nous avons sonné à la porte, devinez qui a ouvert la porte ??? héhéééé, le monde est vraiment petit, Isaac. Oui, le gars qu’on avait rencontré à la promenade des "Thiessois", vous vous souvenez, l’ami de Sarah. Lol ! -ISAC avec un large sourire: bonjour ! -MARIE : Bonjour -ISAC : waouw, mais ce sont mes étudiantes Thiessoises ! le monde est vraiment petit. Mais entrez donc, ne restez pas devant la porte. -IBOU: mes invitées sont là. -PHILY ne disait rien, mais l’expression de son visage était assez claire. Un mélange de surprise et d’agacement. -IBOU : les filles je vous présente mon cousin Isaac, Isaac, voici Marie. -ISAC le coupe : Phily et Fatima. -IBOU : bah… -ISAC : on s’est croisé lors de mon séjour à Thiès. Tu te souviens quand je suis parti voir Élisa. -IBOU : eh bien ! plus besoin de faire les présentations. Nous nous sommes installés au salon. -ISAC : Alors Phily, comment va Sarah, bien j’espère ? -IBOU : hé ho c’est qui cette Sarah ? Isaac ? -PHILY un peu gênée : c’est ma fille Ibou. Elle a deux ans et vit à Thiès. -IBOU un peu gêné par sa curiosité : heuuu ah d’accord ! elle a un joli prénom. PHILY : merci. Isaac ne cessait de zieuter Phily. Ce qui gênait un peu cette dernière.