J´ai trouvé ma reine, Mariame
« Mayacine, comment vas-tu ? » fit Samba tout en se levant du siège où il était assis pour aller à la rencontre de son cousin et lui tenir une franche poignée de main.
En ce début d’après-midi, l’oncle Mayacine avait entreprit de rendre visite à son cousin germain, Samba Diop pour s’entretenir avec lui. Il avait lu une grande douleur dans les yeux de son neveu Aly, confirmant la véracité de ses sentiments. Cette détresse, il ne l’avait jamais vu chez son neveu qui s’était toujours montré posé et a toujours su maîtriser ses émotions. Il frappait à la porte et ce fut Anna qui lui ouvrit « Tonton Mayacine !! Je suis si heureuse de te voir ! » « Ma petite ! Je le suis encore plus ! Comment vas-tu ? » « Je vais bien mon oncle ! Entre donc » « Merci, j’avais prévenu ton père de ma venue, est-il là ? » « Oui mon oncle, il est dans son bureau » Anna le conduit alors dans le bureau de son père où il les laissa s’entretenir en privé « Mayacine, comment vas-tu ? » fit Samba tout en se levant du siège où il était assis pour aller à la rencontre de son cousin et lui tenir une franche poignée de main. « Je vais bien Samba ! Et toi, comment te portes tu ? Et la famille ? » « Tout se passe bien Dieu merci » Ils restèrent ainsi un long moment à se donner des nouvelles des membres de la famille et à se rappeler de leur jeunesse, quand Samba Diop décida de se confier à son cousin qui était également son grand conseiller et son confident. « Mayacine je me trouve actuellement dans une situation difficile» « Que se passe-t-il donc ? » « Il s’agit de mon fils Aly, il aime une jeune femme pétrie de qualités, je la connais personnellement et je sens qu’il l’aime beaucoup et tient à elle, mais je ne peux pas accepter leur union » « Et pourquoi donc ? » « Parce que cela ne causera que des soucis à mon fils » « Ah oui ? Pourquoi dis-tu cela ? » « Parce que mon fils est casté et elle non, il pourrait un jour être désigné du doigt par la famille de la jeune femme, qui sait ? « Samba, tu ne sais pas de quoi demain sera fait, tu ne peux pas être pessimiste sur un avenir dont tu ne sais rien » lui rétorqua Mayacine « Mais j’ai vécu Mayacine, j’ai de l’expérience » protesta Samba, et il retourna quelques années en arrière, se souvenant certains faits marquants de sa jeunesse qu’il a longtemps considérés comme des échecs sentimentaux, et il eut un pincement au cœur lorsqu’il se souvint de son premier mariage. En effet avant d’épouser Yaye Maimouna, celle qu’il considérait aujourd’hui comme l’amour de sa vie et qui est mère de ses enfants, Samba avait épousé Penda, une belle femme issue d’une lignée de « nobles » dont il était tombé éperdument amoureux dans sa jeunesse. Lorsqu’il demanda sa main à ses parents, ces derniers la lui accordèrent sans arrière-pensée ni une quelconque forme de réticence. Ainsi il découvrit les merveilles de la vie conjugale avec Penda, la première femme qu’il avait épousée et qui le comblait d’amour. Tout se passait pour le mieux au sein du couple, mais Penda était souvent confrontée aux propos de ses amis et de son entourage qui lui faisait à chaque jour remarquer une différence fictive et désuète dont elle n’avait jamais pris la peine de porter son attention tellement elle lui paraissait futile et dépourvue de sens. Mais voilà, à chaque fois qu’elle connaissait une dispute avec son mari, comme le connaissaient tous les couples, et qu’elle se confiait à ses copines, ces dernières n’avaient pas meilleure consolation pour elle que de lui arguer que tout cela était dû au fait qu’ils étaient trop différents, qu’ils n’appartenaient pas au même monde et ainsi elles lui débitaient des propos aussi insensés. Tous ces commentaires commencèrent à intriguer Penda qui commença à faire attention à des détails insignifiants du comportement de son mari, elle commença à lui tenir tête sur des détails et continuait à se confier à des personnes qu’elle pensait être fiables et de bon conseil mais se retrouvait toujours avec des commentaires peu réfléchis, l’incitant à quitter son mari. Etant jeune et sans expérience, elle crut aux conseils de ses « copines » plus âgées et les disputes allaient de plus belles au sein du couple jusqu’au jour où ils décidèrent de divorcer comme l’ambiance à la maison était devenue insupportable. « Samba.. » La voix de l’oncle Mayacine extirpa Samba de ses pensées lointaines « Mayacine, je ne pourrais pas le laisse l’épouser car il pourrait en souffrir » conclut-il d’un ton catégorique « Et sur quoi te bases tu pour décréter cela ? Connais-tu mieux l’avenir que Celui qui l’a tracé ? » insista Mayacine. « S’il te plaît, n’insistes pas plus » « Comme tu voudras, mais saches que Pape Aly aime beaucoup cette fille et que tu risques de lui priver de son bonheur sans motif valable puisque tu refuses de m’en donner la cause, et tu n’es pas ainsi, toi qui est si amant envers tes enfants… si tu refuses c’est que le motif doit être valable et si tu n’en parles pas et n’en discutes pas personne n’en sauras rien et tout le monde t’en voudras de causer un tort à Aly et tu pourrais être accusé à tort si tes motifs sont réellement légitimes » S’en suivit un moment de silence durant lequel Samba semblait hésiter à se confier à son cousin. « Bon, puisque tu ne souhaites pas en parler je m’en vais, mais réfléchis à ce que je t’ai dit car cela est très important, ton fils est un adulte et il a droit à des explications et tu ne peux pas le laisser comme ça , si tu as besoin de conseil, je serais toujours là » Sur cela Mayacine quitta la pièce, laissant un Samba pensif et muet derrière lui. « Il n’a pas tort » se dit-il, je ne peux pas le priver de ce qu’il souhaite sans avoir eu une conversation avec lui. Pape Aly a toujours fait preuve de maturité et a toujours été digne de confiance, je devrais pouvoir discuter avec lui en tant qu’adulte » Il se leva alors et entreprit de faire sa prière comme il entendait l’appel du muezzin. Adama s’en remettait jour après jour et s’efforçait d’accepter que Mariame en aimait un autre. Il lui arrivait de penser à elle, mais aujourd’hui il s’était débarrassé de tout objet qui pouvait lui rappeler des moments passés avec elle. Il se devait de respecter son choix et ne pouvait pas continuer à vivre le passé alors que le présent était là, rempli de belles perspectives. Il s’en remettait alors à Dieu et s’efforçait à prendre davantage soin de lui. Il pourrait avouer que ce fût très difficile au tout début, d’autant plus qu’il voyait tous les jours Mariame, cette femme si douce et si belle, à leur lieu de travail et il pensait alors qu’il ne s’en sortirait pas car chaque jour il pensait être encore plus amoureux d’elle, et le fait de la voir de temps en temps avec un autre homme, élancé et fort séduisant, qui paraissait amoureux d’elle le blessait du plus haut point. Il songea à un moment démissionner de son poste pour en occuper un autre basé dans une autre agence, pour ne plus subir ce supplice, mais il se rendait toujours à la raison et s’efforçait d’endurer cette situation qui était assez éprouvante. Tous les soirs, il priait avec ferveur pour oublier Mariame et tous les matins il ressentait petit à petit son cœur qui se soignait peu à peu, bien qu’il lui arrivait des moments de tristesse. Aujourd’hui, avec l’aide de Dieu, il se sentait beaucoup mieux, après avoir traversé le grand désert, Aujourd’hui, plus que jamais, il voulait être le plus beau, il voulait plaire Aujourd’hui il souhaitait juste trouver son âme sœur, celle qui lui offrira son amour sincère C’est donc avec un certain enthousiasme qu’il envisagea la soirée organisée par sa cousine qui s’était mariée et qui organisait une réception ce soir même, qui sait, peut-être y rencontrera-t-il la femme de sa vie ? C’est donc avec ce même entrain qu’il choisit ses vêtements qu’il voulait décontractés et classieux, il opta pour une jolie chemise noire à manches longues qui contrastait avec son beau teint clair, un jean brut et sortit sa montre argentée préférée qu’il voulait mettre pour l’occasion. Arrivé au prestigieux hôtel où se tenait la réception, Adama fut surpris de voir la quantité de voitures garées au parking, il peina pour trouver une place et il reconnut les automobiles de certains cousins, lui qui n’aimait pas trop les soirées mondaines, il allait être servi ! Mais peu importe, si s’était le prix à payer pour trouver son âme sœur ! Arrivé sur place, il fut agréablement surpris comme il y avait moins de monde qu’il ne le pensait, ils devaient être cent et il s’en réjouit ! Il n’eut pas de mal pour retrouver la mariée qui était installée sur une table surplombant toutes les autres et élégamment décorée, il faut avouer qu’elle était magnifique dans sa belle et longue robe blanche brodée de fils argentés, à sa vue elle se leva et ouvrit grand ses bras pour saluer son cousin préféré, ils discutèrent un moment et il la félicita tout en lui présentant son cadeau de mariage, puis il alla à la recherche du mari qu’il félicita également. Il rejoignit ensuite un groupe d’hommes formé par ses cousins et d’autres hommes forts amicaux avec qui il commençait à sympathiser, il s’aperçut qu’ils étaient majoritairement célibataires comme chacun d’être eux manifestait sa volonté ou son souhait d’être le prochain qui se marierait. Certains se mettaient à apprécier la beauté des jeunes femmes invitées alors que d’autres se lançaient et décidaient de discuter avec elles. Tout ceci fit sourire Adama qui vit qu’il n’était pas le seul à chercher sa perle rare. Il se mit à observer les jeunes femmes, elles étaient toutes belles et radieuses, il y en avait de toutes les sortes, des grandes, des moyennes et des petites, des femmes au beau teint noir éclatant, des femmes au joli teint clair naturel et d’autres femmes d’un beau teint marron, les couleurs fusaient, et chacune présentait une toilette impeccable, elles étaient toutes des princesses et il avait l’embarras du choix, mais il n’était plus l’homme qui s’intéressait à toutes les femmes, du moment qu’elles étaient justes belles, non, il avait changé. L’expérience qu’il avait vécu en jouant avec les sentiments de Mariame qu’il a ensuite perdu faute de ne chercher que des amourettes et des aventures sans lendemains basées sur la chair l'avait bien réveillé et il ne voudrait plus perdre de temps. Aujourd’hui une seule femme devra retenir son attention et ce ne sera pas n’importe qui, il n’était pas là pour papillonner de gauche à droite ni pour jouer les Dom Juan et s’il ne trouvait pas celle qui le captivera par son charme et ses qualités, il s’en irait, et saura que ce sera pour une autre fois. Il balaya la pièce du regard et ce dernier de fixa instantanément sur une belle silhouette gracieuse, portant une élégante robe longue beige à strass dorés et coiffée d’un joli chignon, cette femme était de dos et il ne pouvait pas la voir et il voulut lui parler, elle discutait actuellement avec un des jeunes hommes de leur groupe qui les avait quittés quelques minutes plus tôt pour aller lui parler, il se mit à sourire lorsque le jeune homme en question retourna vers eux avec une mine gênée…Cette fille n’était pas facile à impressionner apparemment, et il aimait cela, cette femme lui plaisait déjà et il en faisait un défi personnel. « Diambar ça va ? » Fit- il au jeune homme en lui adressant une tape amicale au dos « J’ai connu des jours meilleurs » répondit-il avec une grimace, « je viens juste de me faire jeter gentiment par la jeune femme là », fit-il en désignant la femme de la tête. « Aie, sérieux ? » rétorqua-t-il dans un demi-sourire « Nan ki dafa méti, elle est belle mais difficile, celui qui l’aura dé diambar leu, ça fait plus de trente minutes que je lui parler, mais rien à faire…Peut être que c’est juste une affaire de feeling, mais bon il y a d’autres filles aussi belles dans cette pièces hein » conclut-il Ils restèrent encore à discuter mais Adama ne quittait pas des yeux la jeune femme, elle avait cette démarche classieuse, ces gestes gracieux, il fallait être un saint pour ne pas tomber sous son charme tant elle était élégante et simple, une vraie reine. Au bout d’un moment, il décida de lui parler et se dirigea d’un pas assuré vers le buffet où elle se tenait et servait de temps à autre des invités. « Excusez-moi » fit-il Elle se retourna, d’un air agacé, ce devait encore être un de ces hommes qui essayaient de l’impressionner. « Safia ! » dit-il d’un air surpris « Ca va Adama ? » répondit-elle d’un ton neutre « Je vais bien, ça fait un moment, depuis le dernier week end où nous étions venus vous rendre visite avec ma sœur et ma mère » « En effet » répondit-elle d’un ton sans équivoque. « Sinon toi, tu vas bien ? » reprit-il sans se laisser démonter par l’attitude de Safia qui était tout de même froide et distante « Oui Dieu merci, et tes parents ça va ? » « Oui, ils vont bien mais.. » Safia l’interrompit et ne le laissa même pas terminer sa phrase « Tu m’excuses mais je dois aider à faire le service, à tout à l’heure peut être » et elle s’éloigna de sa gracieuse démarche, elle semblait tout de même pressée. Adama la regardait s’éloigner, il avait envie de la retenir car son attitude l’intriguait et était aux antipodes de la jovialité et enthousiasme qu’elle avait manifesté lors de leur dernière rencontre, quand il pense que c’est cette fille qui s’était empressée de lui faire une bise sur la joue alors qu’il lui tendait sagement la main. « Décidemment les femmes sont très compliquées et étranges » se dit-il tout en ne pouvant détacher son regard de la belle Safia, et il se résolu enfin à rejoindre son groupe d’amis. « Je te l’avais dit » lui dit le jeune homme qui s’était risqué à l’aborder « je me demande juste pourquoi les belles filles, qui sont conscientes de leur beauté en abusent et se montrent arrogantes « « Elle n’est pas comme ça » coupa Adama, « Je la connais, c’est la fille du cousin par alliance de ma mère et elle est d’habitude joviale, je ne sais pas ce qui lui arrive » « Nagou rekmo ko dal, toutes pareilles » enchaina le jeune homme Adama voulut protester pour la défendre, mais à la place il décida de sortir de la pièce un moment car il se sentait confus. L‘air frais de la soirée fouettait le fin visage du jeune homme qui restait tout de même intrigué par l’attitude de Safia, il se mit à réfléchir un bon moment puis se surprit à se demander pourquoi l’attitude glaciale et indifférente de Safia l’affectait tant. Et il se mit à penser à elle, à ses beaux et grands yeux marrons d’un blanc immaculé qui l’avaient captivés dès qu’elle s’était retournée, à ses fins traits confirmant ses origines Peuhl, à sa démarche altière…Safi était une belle femme et il l’avait toujours reconnu, mais aujourd’hui elle l’avait complètement séduit. Son image ne pouvait quitter ses pensées et il crut avoir une hallucination lorsqu’il vit son image qui apparaissait petit à petit et qui se fixa un moment avant de retourner sur ses pas puis hésiter avant de revenir vers lui. Mais non ce n’était pas une hallucination, c’était bien elle et elle était bien réelle. En apercevant Adama, Safia voulut rentrer à nouveau dans la pièce comme elle cherchait à le fuir. En vérité Safi ne voulait pas lui adresser la parole et encore moins le voir. Elle avait gardé cette déception en elle qui commençait à se transformer en rancune, elle voulait s’en débarrasser car ce mauvais sentiment risquait de la rendre sauvage envers lui mais qu’y pouvait-elle ? Elle était éperdument amoureuse de Adama et cela depuis sa tendre adolescence et il ne s’en était jamais rendu compte, et voilà qu’aujourd’hui il aimait cette Mariame qui sortait d’on ne sait où, elle repensa alors au message qu’Adama lui avait envoyé suite à sa déclaration, croyant qu’il s’agissait de cette Mariame. Mais elle n’allait pas faiblir devant lui et se mettre à fuir tous les endroits où il se trouvait, elle allait l’affronter, même si son cœur s’emballait et qu’elle ressentait cette même colère envers lui, en attendant, elle se mettait de l’autre côté de la terrasse de sorte à ce que ce dernier puisse à peine la voir comme elle ne voulait pas lui adresser la parole. Adama hésita un moment, il voulut aller entamer la discussion avec Safi mais il ne savait quelle attitude prendre envers cette dernière qui semblait en réalité le fuir, comme il avait bien vu qu’elle l’avait aperçu et qu’elle avait tout de même décidé de s’installer loin de lui, il en fit autant et en déduit qu’elle avait besoin de rester seule. Après avoir profité de l’air frais, il décida de rentrer, après avoir fait un signe de la main à Safia qui était toujours là et qui lui répondit par un hochement de tête. La soirée se déroula bien et commençait à tirer à sa fin, la pièce se vidait petit à petit, cependant quelques membres de la famille étaient tout de même restés, principalement des femmes qui allaient préparer la mariée qui était tout heureuse pour l’emmener chez son époux. Les femmes se retiraient alors et prirent des voitures les conduisant à la résidence des parents de la nouvelle mariée tandis que les hommes rentraient chez eux alors que d’autres taquinaient le mari qui affichait une mine joyeuse, mais dont certains gestes maladroits trahissait le petit stress que peuvent ressentir les jeunes mariés, ce qui était tout à fait humain. Adama proposa aux filles de les conduire chez la mariée comme certaines n’ayant pas de véhicules envisageaient de prendre un taxi. Dans ce groupe de femmes, il y avait Safi. Cette dernière hésita à se faire conduire par Adama, mais finit par accepter comme il se faisait tard et qu’elle n’avait pas envie de se faire remarquer en refusant la proposition attentionnée du jeune homme qui souhaitait juste leur rendre service. Les jeunes femmes toutes enthousiastes s’engouffrèrent alors dans la quatre quatre du jeune homme qui pouvait accueillir de nombreux passagers et seule la place avant restait libre, elle dut alors se résigner à s’y installer. Le trajet se déroula dans une ambiance bon enfant, les femmes discutaient de leurs cadeaux offerts à la mariée et de la soirée, tandis qu’Adama riait de leurs propos qui étaient tout de même amusants et lançait de temps à autres des commentaires. Safia restait silencieuse et ne s’adressait qu’aux filles, évitant de croiser le regard d’Adama. Une fois arrivées, les femmes remercièrent chaleureusement Adama en lui faisant des prières et lui souhaitant le meilleur et un jour comme celui-ci, elles quittèrent en trombe la voiture et rejoignirent la maison de la mariée comme elles étaient toutes pressées de la retrouver. Safia quitta la voiture d’Adama après l’avoir remercié, mais au moment où elle ouvrit la portière Adama la retint par le bras. « Reste un moment s’il te plaît, nous devons discuter » Le cœur de Safi failli sortit de sa poitrine, elle était surprise et l’effet de la main d’Adama sur son bras était juste paralysant. « Une autre fois peut-être, la mariée a besoin de moi » dit-elle sans même oser le regarder Adama émit un petit rire « décidemment, tu fais vraiment tout pour m’éviter, tu n’as pas vu toutes ces femmes qui ne demandent qu’à aider la jeune mariée » Safia resta alors silencieuse durant un moment, elle était gênée et ne souhaitait qu’une seule chose, quitter cette voiture. « Bon Safia, nous devons parler en tant qu’adultes » dit Adama tout en se tournant complètement vers elle lui faisant face »que se passe-t-il ? Tu as complètement changé depuis la dernière fois, t’aurais-je fait quelque chose de mal sans que je m’en rende compte ? » « Non tu ne m’as rien fait, je peux y aller maintenant ? » « Non tu ne peux pas y aller car tu ne me dis pas tout » dit Adama qui bloqua les portières « tant que tu ne m’expliqueras pas les raisons de ce changement de comportement tu ne sortiras pas d’ici » Safia le défia alors du regard et Adama soutint le sien bien qu’il eut du mal à se concentrer comme il commençait à avoir des sentiments pour elle et qu’il n’aimait pas cette situation. « Je pense qu’à cette heure ta « Mariame » devrait s’inquiéter vu que tu ne l’as toujours pas appelée, et elle n’aimerait sûrement pas savoir que tu es seul dans une voiture avec une autre fille qu’elle à faire une baston de regard, vas plutôt la rejoindre et laisses moi en paix » « Attends, comment la connais tu ? » demanda t-il, surpris. « Je la connais, c’est tout, maintenant laisses moi partir » « Tu sais que je suis capable de te garder dans cette voiture jusqu’au petit matin tant que tu ne m’as rien dit, et je ne rigole pas » dit-il cette fois ci d’un ton plus sérieux Safia ne l’écouta même pas et garda le silence comme elle était aussi têtue, fière et déterminée que lui, Adama se mit alors à jouer avec son portable et ils restèrent une dizaine de minutes ainsi. « Tu ne veux toujours rien me dire ? » lui lança t-il. « Je n’ai rien à te dire et tu me fais perdre mon temps, maintenant, laisses moi partir ! » « Okay, restons donc ainsi » répondit-il d’un ton posé Il se mit alors à faire défiler ses messages un à un de son portable tout en se demandant comment Safia pouvait connaitre Mariame « Le monde est vraiment petit » se dit il intérieurement, mais comment peuvent elles se connaitre alors que Safia vient récemment de rentrer du Canada, se connaissent-elles réellement ou à t-elle juste entendu parler d’elle ? Il faisait toujours défiler les messages « et pourquoi parle elle ainsi de Mariame, je jurerais qu’elle est jalouse ! Et si…» Et il s’arrêta de penser quand il tomba sur le message anonyme qu’elle avait reçu et dont il pensait que l’expéditeur était Mariame. Et cela fit un tilt dans sa tête : c’est vrai que ce jour-là Safia lui avait demandé son numéro et c’est ce jour-là qu’elle l’avait revue. Son cœur commençait à battre la chamade et il lut l’historique de la conversation et il s’aperçut qu’il avait fait allusion à Mariame dans l’une de ses réponses et qu’après cela, il n’avait plus reçu de messages de ce numéro. Il se mit alors à regarder Safia, qui ne daigna même pas le regarder. « Safia… Serais ce donc toi ? » dit-il à la fois surpris et à la fois content que Safi puisse ressentir de l’amour pour lui comme il commençait à avoir des sentiments pour elle, Safi ne comprit pas trop ce dont il faisait allusion et se contenta de lui lancer un regard plein de dédain avant de rouler des yeux et se retourner vers la vitre de la portière. « Peut-être est-ce pour cela qu’elle est si froide avec moi, j’ai dû la décevoir depuis ce jour, fit il en faisant le rapprochement avec son attitude distante. Pour être certain qu’il s’agissait bien d’elle, il appela sur ce numéro et le portable de Safia se mit alors à sonner, et là, son sang ne fit qu’un seul tour et sa respiration se coupa. Safia regarda son portable qui sonnait et elle ne reconnut pas le numéro puisqu’elle l’avait effacé de son portable lorsqu’elle a su qu’il en aimait une autre. Elle montra alors son téléphone à Adama en lui disant « tu vois tu me fais vraiment perdre du temps, les filles doivent se demander où je suis ! » pensant que c’était l’une des filles qui l’appelait pour savoir où elle était. « Elles doivent s’inquiéter » dit-elle avant de décrocher en lançant un regard furieux au jeune homme qui commençait à la fixer d’un regard doux « Allô j’arrive tout de suite, viens me chercher s’il te plaît » « Excuses moi de t’avoir blessée Safi, pardonne moi pour tout ma belle… M’accorderais-tu une chance ? « dit-il d’un ton doux. Safia se retourna, stupéfaite et laissa tomber son portable. « Adama ! » s’écria-t-elle, surprise. Ce dernier raccrocha et prit la main de Safia qu’il porta à ses lèvres « pardonne moi Safi je ne savais pas que c’était toi, tout s’éclaire maintenant, Je ne suis plus avec Mariame, c’est une histoire qui m’a changé et aujourd’hui je ne vois mon futur qu’avec toi, aujourd’hui tu as fait renaitre en moi de nouveaux sentiments que je croyais disparus à jamais en moi et je suis sincère» Safia le regarda incrédule, bien qu’elle était émue comme elle sentait qu’il disait vrai ce qui l’enchantait et la rendait tout simplement heureuse. « C’est trop facile Adama » dit-elle en se retournant « Pourquoi rendre les choses difficiles alors qu’elles ne le sont pas ? Je commence à t’aimer Safi et toi tu m’aimes, ne rends pas les choses difficiles » Il avait raison, elle l’aimait toujours, la preuve en étaient cette jalousie qu’elle ressentait toujours envers Mariame, cette colère qu’elle ressentait envers lui, le fait qu’elle ait repoussé tant d’autres prétendants, le fait qu’il ne puisse passer un beau jour sans qu’elle ne pense à lui. Elle baissa alors ses yeux et se sentit heureuse et émue et remercia intérieurement Dieu de l’avoir exaucée, sans rien dire, elle rapprocha sa tête contre la poitrine d’Adama alors que toute cette rancœur dans son cœur disparaissait petit à petit et laissa libre cours à ses émotions, et à ce moment-là, c’étaient des larmes de joie qui coulaient de ses yeux, nettoyant tous ces non-dits qui l’empoisonnaient, et elle se demanda pourquoi elle avait gardé tout cela pour elle, pourquoi elle ne lui avait pas expliqué humblement à quel point elle était blessée, elle se rendit compte qu’elle s’était fait beaucoup de mal en gardant tout cela pour elle et que cela aurait peut-être pu la changer et la rendre moins joviale qu’avant.