Dialogue et compréhenssion, Mariame
« Mais cela arrive dans tous les couples, il suffit de discuter ensemble » reprit la mère, qui tentait de recoller les morceaux.
Assis sur le canapé du séjour de la famille Valdez, il patientait et attendait le retour de la mère de Sylvia qui s’était rendue dans la cuisine pour chercher des rafraîchissements. Pape Aly était arrivé à la résidence de la famille latino-sénégalaise depuis bientôt une dizaine de minutes durant lesquelles la mère de Sylvia, Yaye Astou lui demandait des nouvelles de sa mère et de sa famille, croyant qu’il était venu rendre visite à sa fille, cette dernière lui avait signifié qu’elle était sortie, mais qu’elle allait revenir d’un moment à un autre. Cette situation était favorable car il pourrait discuter tranquillement avec la mère de cette dernière, il lui expliqua alors qu’il était venu lui rendre visite. « Saama doom (mon enfant) tu m’as l’air bien sérieux aujourd’hui » dit-elle un brin troublée par l’attitude distante du jeune homme qui, bien qu’il soit naturellement calme, était différent des autres jours. Elle déposa alors le plateau de jus de bouye et bissaap faits maison, « que se passe-t-il ? aurais-tu des soucis avec Sylvia ? » Le jeune homme se redressa tout en remerciant tata Yaye Astou qui lui tendait un verre de jus de bouye comme elle avait appris à connaitre les goûts et habitudes du jeune homme qui appréciait cette boisson. « Merci tata, en effet je suis venue pour parler d’elle, de Sylvia… » reprit-il. « Que se passe-t-il donc ? Elle m’avait dit que vous comptiez vous marier bientôt » fit elle tout en souriant, mais ce sourire s’estompait petit à petit face au visage impassible du jeune homme qui ne buvait pas une seule gorgée du jus de fruits tant il semblait crispé. « En effet, Sylvia dit à tout le monde que je lui ai fait ma demande en mariage, or je lui avait demandé de patienter et à mon insu, elle a divulgué cette nouvelle qui est fausse… Tata, je t’adore et te respecte énormément, cela est une chose mais je me rends compte que mes sentiments envers Sylvia se sont atténués et cela est une autre chose. Je le lui ai expliqué mais malgré cela elle refuse de comprendre » Cette nouvelle laissa sans voix la mère de la jeune femme qui semblait très surprise. « Je tenais à venir discuter avec toi de cette situation puisque je sais d’une part qu’elle ne t’en a pas parlé et que d’autre part il s’agit d’une relation qui a davantage uni nos familles qui l’étaient déjà auparavant, mais pour être vrai, certaines attitudes de Sylvia à mon égard me laissent sans voix… » «Les comportements de ma fille ? » répondit subitement tata Yaye Astou un brin agacée. « Avec tout le respect que je te dois tata, je sais très bien que Sylvia a été élevée dans les règles de la bienséance, en bonne musulmane, mais elle me harcèle, m’agresse et se montre parfois arrogante » répondit- il d’un ton posé. « Mais cela arrive dans tous les couples, il suffit de discuter ensemble » reprit la mère, qui tentait de recoller les morceaux. « Tata, j’ai essayé à plusieurs reprises, toujours est-il qu’aujourd’hui je souhaiterai la laisser trouver mieux car je sais qu’elle ne manque pas de prétendants et qu’ils sauront la rendre heureuse car à ce jour je ressens plus d’affection pour elle en tant qu’ami ou frère qu’en tant qu’amant. » se défendit le jeune homme. La mère de la jeune femme secoua sa tête d’un air triste et pensif, elle aussi avait lu dans le regard du jeune homme qui était véridique et révélateur : il ne ressentait plus rien pour sa fille. Que pouvait-elle faire à part l’accepter ? Les sentiments ne se forcent pas, elle ne pouvait pas lui imposer sa volonté de voir sa fille unie pour l’éternité à lui, qui est un si beau, pieux et respectueux jeune homme. Qu’est-ce qu’elle y pouvait? C’étaient maintenant deux jeunes gens responsables, qui savaient très bien ce qu’ils voulaient. « Puisqu’il en est ainsi, je ne te contraindrais à rien, je tiens quand même à te dire que j’aurais souhaité vous voir unis pour toujours, mais seul Dieu détient les cœurs et je ne peux rien face à cette situation. Tu resteras quand même mon fils » Yaye Astou aurait pu faire comme quelques mamans sénégalaises, qui souhaitaient coûte que coûte voir une situation se réaliser, et faire appel aux marabouts, mais elle était une fervente croyante et savait que rien n’arrivait par hasard et qu’elle n’avait pas à imposer sa volonté à deux cœurs représentant chacun une vie entière. Ce serait bien maladroit de sa part. « Je te souhaite le meilleur alors dans l’avenir mon petit, à toi ainsi qu’à ma fille Sylvia ». Pape Aly se sentait réconforté et un brin ému : il connaissait la piété et le lâcher prise de cette dame, sa volonté de ne s’immiscer dans aucune affaire délicate ne la concernant pas directement, c’est pour cela qu’il avait choisi de lui parler et c’est pour cela qu’il l’aimait tant et l’estimait profondément. A quoi servirait-il d’épouser sa fille si l’amour n’était pas là ? Ne serais ce pas la faire souffrir ? Et faire souffrir sa mère par la même occasion ? Pape Aly se leva alors et prit tata Yaye Astou dans ses bras et la serra fort contre lui tout en la remerciant de sa compréhension. « Je discuterai avec Sylvia à son retour » lui promit-elle, de plus elle me doit des explications car elle m’a trompée en me disant que vous alliez bientôt vous marier. Après cela, Yaye Astou retint le jeune homme, le remercia pour son respect à son égard et pour sa droiture, elle le remercia de la manière dont il s’était occupé de sa fille durant leur relation et formula finalement des prières dans les mains du jeune homme qui était ému et qui souhaitât que la mère de Mariame soit aussi juste et compréhensive celle de Sylvia.